Créée en 1921 sur l’emplacement d’une ancienne école de dressage de bœufs, la Station du Lac Alaotra occupe actuellement une superficie de 330 Ha en bordures de la rive sud-est du Lac Alaotra, à 15 Km au nord de la ville d’Ambatondrazaka sur la RN 44. Elle bénéficie d’un climat tropical d’altitude.

LES PRINCIPALES ACTIVITES AU CRR ME

Section Amélioration variétale du riz

Objectifs : Il consiste à faire une recherche en produisant des nouvelles variétés par croisement et d’un test de variétés introduites.

– Production de semences de pré base G0 et G1

Objectifs : Application des résultats de recherches variétales, production et maintien de la pureté variétale, multiplication des semences de pré base pures et fournir à l’UPS des semences de qualité pré base G1.
La production de semences exige des techniques particulières, par rapport à une production commerciale ou familiale.
Afin de garantir la pureté, une inspection au champ se fait par un service étatique ou le SOC (Service Officiel de Contrôle) pour ensuite certifier la semence si celle-ci respecte les règles d’une nomination de semences pures.
40 variétés ont fait l’objet de la sélection conservatrice et une vingtaine de variétés pour la multiplication en G1.

– Collection variétale du riz

Objectifs : Cette branche a pour objectif de maintenir les variétés de riz. Dans cette institution, environ 300 variétés de riz sont enregistrées dans la collection qui proviennent en majorité des pays asiatiques Philippines, Inde, Indonésie,…). Il existe deux types de maintenance: la reconduction des variétés et la conservation dans la chambre froide (germoplasme).
La station CALA est en outre reconnue pour ses collections et ses recherches concernant l’amélioration de la productivité rizicole.

– Criblage variétal

Objectifs : Il consiste à faire ressortir une ou plusieurs variétés (sélection variétale) selon le thème voulu (ex. changement climatique) et qui s’adaptent bien dans la région. L’étude peut durer de 4 à 10 ans.

– Résultats récents

Essai de confirmation des variétés de riz : confirmer les variétés de riz productives qui s’adaptent à une saison de pluie plus courte (4 mois) en comparant le rendement des variétés avec le témoin Soamalandy. à Mailaka et Madera Malady bonnes

Essai de démonstration en milieu paysan de 3 variétés de riz : X1648, MR 10864-45-1-1-1, Madera Malady

Essai sur le comportement du MK34 en fonction de la date de semis et l’âge de plants aux pépinières à plus semis retardé plus le rendement diminue, plus les plants âgés plus le rendement baisse.

Production de semences de pré base G1: 21 variétés de riz irrigué (ex. MK34, Tsemaka, rojofotsy,…) et 04 variétés de riz pluvial (Fotsiambo, NERICA, …)à MK 34 reste la plus demandée. (2011-2012)

Deux nouvelles variétés de riz irrigué X1648 et FOFIFA 174 ont été baptisées en 2013 après une étude de 4 ans. Ce sont des variétés qui s’adaptent bien aux conditions actuelles de la région. L’étude a été réalisée durant la campagne 2012-2013en collaboration avec, le projet JICA/PAPRiz qui a financé un essai de démonstration de 4 variétés de riz : X1648, FOFIFA 174, Madera malady, X265.

2013 : Production de 60 semences souches G0 et 25 variétés de semences de pré base G1 en partenariat avec JICA/PAPARIZ.
Campagne 2013-2014 : Production de deux semences pré base G0et G1 sur un terrain de 40 ares en partenariat avec JICA/PAPRIZ : MKX et MK34.

Section Unité de Production de Semences

Objectifs : L’UPS consiste à produire des semences de base G2 de qualité pour approvisionner les producteurs et les centres de multiplicateurs de semence ainsi que d’assurer la disponibilité de quelques variétés. La quantité produite et les variétés multipliées dépendent de la demande des clients. Les semences G2 existant sont :

Les variétés de riz irrigué

Les variétés de riz pluvial

Les variétés de maïs

Les fourrages et les plantes de couverture en SCV en petite multiplication pour éviter la disparition des variétés intéressantes.

Résultats récents :
MK 34 et Tsemaka sont les variétés de riz pluvial les plus demandées.
B22 commence à être dépréciée par les paysans due à la détérioration de son adaptation
IRAT 200 reste continuellement dans le marché

Section Collection maïs, légumineuse et manioc :

Objectifs : Cette section maintient les collections variétales dont :

Maïs : 184 variétés

Manioc : 198 variétés

Légumineuses : arachides (243 variétés) ; voandzou (47 variétés) ; vigna (51 variétés) ; haricot (164 variétés), sésame (1 variété) ; tournesol (01 variété)

A part cela, le programme produit des semences de pré base pour les variétés haricot, arachide et maïs.

– Section Agrotechnie

Objectifs : Faire des recherches pour l’amélioration de la productivité agricole et sur l’innovation des techniques et technologies agricoles par le renforcement des techniques de fertilisation et culturales adaptées aux situations paysannes et aux changements climatiques.

Résultats récents:

Essai source d’azote : Utilisation du Sulfate d’ammonium

Cet essai a pour objectif de trouver un emploi efficace du sulfate d’ammonium comme source d’azote et de soufre pour les rizières de Madagascar.
Il consiste à comparer le sulfate d’ammonium avec l’urée et la combinaison de ces deux types de fertilisant avec la fumure organique et le NPK.

Le système de culture vesce-riz

Cette technique culturale a pour but d’améliorer la qualité du sol en réduisant la quantité d’engrais azoté et de faire une rotation culturale Légumineuse-Riz.

Le système de culture semis direct à sec

Ce système de culture a pour objet de limiter les effets du changement climatique en recalant la date de mise en place (sans attendre l’arrivée de la pluie), de réduire le coût de production en éliminant le séjour en pépinière et le repiquage et de mettre en place la culture à la date optimum (15 novembre pour le SD).
Deux variétés ont été utilisées dans ce système (MK34, Tsemaka).

Dose d’apport de P205 au Parcelle de Colonisation 23 à Anosiboribory

L’essai de dose d’apport de P2O5 a été faite dans le but de déterminer la quantité de P2 O5, apportée par DAP, qui va compléter les 60 unités de N pour obtenir une dose équilibrée d’engrais permettant d’atteindre une hausse de rendement moyen de 1 tonne/ha, d’évaluer l’effet de 3 doses de DAP en pépinière « Dapog amélioré » et conventionnelle et d’évaluer l’effet « technique de pépinière » sur le rendement.
Il s’agit ici de tester 30 unités de P et 45 unités de P apportées sur la culture de riz irrigué afin de confirmer si ces deux doses ont le même effet.

Projet ABACO (Agroecology-Based Aggradation Conservation Agriculture)

Présentation : Le projet européen ABACO vise à l’étude et au développement de systèmes en Agriculture de Conservation (AC), aussi dénommés systèmes en semis direct avec couverture végétale (SCV), pour lutter contre la dégradation des sols et l’instabilité de la production des cultures vivrières dans les zones semi-arides de l’Afrique. Il intervient également en Afrique de l’Ouest (Burkiina Faso), en Afrique de l’Est (Kenya, Tanzanie) et en Afrique Australe (Zimbabwe, Mozambique). A Madagascar, ABACO s’intéresse au Lac Alaotra de part la grande instabilité des conditions climatiques et par le fort développement des techniques AC dans cette région. Le projet a débuté en 2012 et se terminera en fin 2014.

Objectifs : Le projet a pour objectif de réduire la vulnérabilité des paysans face aux risques environnementaux et à faible productivité agricole. Ainsi, il développe des options techniques adaptées aux différents problèmes auxquels sont soumis les pratiquants des SCV.

Activités menées par le projet ABACO

Expérimentation en milieu contrôlé au CRR-ME pour vérifier les impacts des systèmes AC sur la valorisation des pluies et sur la fertilité des sols

Expérimentation en milieu réel avec les producteurs afin d’impliquer les producteurs dans l’évaluation et dans l’adaptation des techniques AC selon leurs contraintes

Les expérimentations en milieu contrôlé :
Elles sont réalisées sur 3 dispositifs :

La matrice CALA

Le dispositif « matrice CALA » a été mis en place depuis 2009 et des études sur les processus biophysique avec des facteurs contrôlés y ont été réalisées. C’est un dispositif à 4 blocs de répétition avec 2 systèmes, Maïs + Dolique // Riz (M+D//R) et Maïs + Stylosanthes // Stylosanthes // Riz (M+S//S//R) ; 3 modes de gestion de sol et de couvertures (Labour sans restitution des résidus, labour avec restitution des résidus et SCV), 2 niveaux de fertilisation (Sans fertilisation ; Fumier + NPK + Urée).
Les mesures réalisées sur les parcelles sont :

La dynamique de l’azote dans les différents horizons du sol

Le suivi de la dégradation des résidus (Maïs + Dolique et Stylosanthes) et la fourniture en azote correspondant

L’émergence des mauvaises herbes suivant le système de culture et suivant le mode de gestion de la parcelle

La compétition entre la culture principale et les mauvaises herbes par la mesure de biomasse et la mesure de (l’interception lumineuse par les barres de PAR)

Le rendement et les composantes de rendement en riz sur les parcelles

Le dispositif « érosion »

Le dispositif « érosion » consiste en une culture de riz pluvial (B22) avec :

Deux types de pente, une pente forte de l’ordre de 19,85% et une pente faible de 3,39%

Trois niveaux de couvertures de Stylosanthes : 0%, 40% et 100%

Sur ce dispositif, la quantité d’eau ruisselée, les pertes en terre ainsi que l’humidité du sol à différents profondeur vont être mesurées sur chaque parcelle.

Le dispositif « mauvaises herbes »

Le dispositif « mauvaises herbes » consiste en une culture de riz pluvial (B22) et comprend 5 niveaux de couvertures : 0%, 30%, 70%, 99% et 150% et deux types de couvertures : Maïs + Dolique et Stylosanthes. Chaque parcelle élémentaire a une dimension de 2m*2m et est répétée 4 fois. L’émergence et la biomasse des mauvaises herbes ainsi que le rendement en riz vont être mesurés chaque parcelle du dispositif.

Les activités en milieu réel :
Elles consistent à réaliser des recherches participatives avec les producteurs. Cette activité consiste à faire un diagnostic participatif de contraintes rencontrées par les producteurs dans l’application des systèmes AC, de voir ensemble les solutions techniques possibles, de définir des essais correspondant aux solutions apportées et de mettre en place les essais avec les producteurs. Pour ce faire, le projet travaille avec la communauté d’Amparihitsokatra au nord et la communauté de Mahatsara au Sud.

Recherche sur la protection phytosanitaire (Section Entomologie)

Objectifs :

Lutte biologique contre le ver blanc, insecte terricole Heteronychus plebeius (Coleoptera – Scarabeidae) attaquant les cultures pluviales (riz pluvial et le maïs),

Maintien et entretien des collections entomologiques d’insectes sur le riz et sur les cultures maraîchères dans l’Alaotra.

Les insectes terricoles ou vers blancs du genre Heteronychus spp (Coleoptera – Scarabeidae) sont nuisibles aux cultures pluviales, particulièrement le riz pluvial et le maïs. Ils constituent l’ennemi n°1 de toutes cultures pluviales dans différentes régions de Madagascar pratiquant ces cultures sans aucun traitement pour lutter contre eux. Les adultes de ces insectes qui sont les responsables des dégâts sur les cultures.
Pour la région du Lac Alaotra, trois espèces d’Heteronychus ysont rencontrées: H. plebejus, H. arator et H. bituberculatus. Les espèces H. plebejus et H. arator ont été considérées comme d’importance économique sur Tanety. Heteronychus plebeius engendre le plus de perte de rendement pouvant aller jusqu’à 100% sur les cultures sur ‘Tanety’ et ou de baiboho en cas d’une infestation sévère. Celle d’H. bituberculatus infeste surtout les rizières à mauvaise maîtrise de l’eau et aussi sur les ‘baiboho’ à humidité permanente.
Le traitement de semences au Gaucho® (association imidaclopride/thirame), technique de lutte actuellement vulgarisée, et ou autres insecticides comme le Linthialm sont les plus utilisés pour lutter contre ces insectes. Malgré ces traitements, les agriculteurs sont souvent obligés à faire deux ou trois re semis en cas de forte pression de ces ravageurs. En fait, ils continuent à provoquer des dégâts importants une fois que la durée de la rémanence de ces produits est dépassée. 

Des solutions à long terme au problème provoqué par Heteronychus plebeius, basées sur les résultats positifs obtenus par la recherche avec l’utilisation de Metarhizium anisopliae dans le cadre d’une lutte biologique contre ces insectes terricoles nuisibles aux cultures pluviales, sont transférables et valorisables. En effet, les travaux menés par le FOFIFA (Centre National de Recherche Appliquée pour le Développement Rural) de 1993 à 2003 dans la région du Lac Alaotra ont montré que sur labour, ce ravageur peut être contrôlé efficacement par traitement de sol avec le champignon entomopathogène Metarhizium anisopliae. La souche utilisée a été isolée sur des larves d’Heteronychus plebeius.

Cinq (5) principales différentes phases constituent une opération de lutte biologique par champignon entomopathogène :

les prospections préliminaires, constituant de sondages à grande échelle de plusieurs régions selon plusieurs axes et dans les zones où sévit le ravageur que l’on cible (Heteronychus plebeius). Elles visent à 2 objectifs : a/ connaître l’impact du champignon entomopathogène en conditions naturelles sur le ravageur cible ; b/ obtenir une collection de souches monospores de champignons la plus large possible après screnning.

Le choix de la souche de champignon entomopathogène la plus efficace selon la dose létale 50% ou DL50

La production artisanale de spores (a/méthode et coûts; b/niveau de production (nombre de spores /gramme de milieu) ; c/conditionnement pour le transport et le traitement et d/vérification de l’efficacité continue de la production).

Essais agronomiques (a/ nombre, surface des parcelles élémentaires ; b/ méthode de traitement ; c/ méthode de prélèvement (fréquence, nombre d’échantillons, fiche de notation) ; d/ observations de laboratoire ; e/ nombre d’année d’observation des essais (capacité pluri annuelle du champignon de subsister).

Homologation (a/ Rapport Agronomique ; b/ Rapport Toxicologique).

Eventuellement, la caractérisation moléculaire pour connaître l’identité génétique de la souche choisie est nécessaire en vue de l’homologation

Ces différentes étapes ont été déjà réalisées au sein du FOFIFA à part la caractérisation moléculaire et l’homologation. Les résultats obtenus sont prometteurs dans le cadre de lutte contre ces insectes aussi bien pour l’environnement, la santé humaine et l’économie des agriculteurs malgaches.

La collaboration du FOFIFA-Entomologie-CALA avec le projet BVlac permet de poursuivre les travaux de validation des résultats d’utilisation du Metarhizium anisopliae contre les insectes terricoles Heteronychus plebeius sur riz pluvial et maïs en vraie grandeur de cultures en vue de l’homologation de ce champignon. L’impact du ravageur sur le rendement des céréales étant particulièrement important sous couverture végétale, l’efficacité de M. anisopliae sur H. plebeius en riziculture pluviale a été évaluée au FOFIFA à Ambohitsilaozana de 2004 à 2007 sous paillage et de 2005 à 2013, sous différents systèmes SCV, en comparaison avec le traitement de semences au gaucho. Elle permet de réduire les populations des larves et des adultes de ces insectes sur toute l’année et par conséquent les dégâts causés par ces ravageurs sur les cultures. La souche de champignon a été multipliée et fournie par le FOFIFA.
La poursuite des suivis des résultats de l’application et de l’efficacité de ce champignon, en vraie grandeur de cultures, suivant les réorientations faites après la mission d’appui et d’évaluation des activités menées sur Metarhizium anisopliae en novembre 2010, ont permis de consolider et de valider les résultats obtenus sur l’efficacité du produit sur l’ensemble des parcelles traitées par Metarhizium. Dans l’ensemble, Les parcelles ayant été traitées au Metarhizium ont été protégées à 80% contre les attaques de ces insectes si les conditions d’utilisation sont bien respectées. La densité de la population d’Heteronychus plebeius observée sur l’ensemble des parcelles à Metarhizium, a été diminuée considérablement voire nulle d’une année à l’autre, Les spores de Metarhizium ne peuvent pas survivre dans des parcelles où de l’eau stagne.
Les analyses effectuées ont bien montré qu’il existe une interaction entre la densité d’Heteronychus plebeius dans les parcelles entomopathogenes et les années d’inoculation du produit. Les spores de la souche de Metarhizium utilisée ont une durée de viabilité plus longue sous couverture vive que sous couverture morte constituée par l’apport de paillage sur les parcelles. Le renouvellement de l’inoculation du Metarhizium est nécessaire pour maintenir le nombre de spores nécessaires dans le sol afin qu’elles puissent s’exprimer et être virulentes sur les larves et ou les adultes d’insectes cibles. Selon les résultats obtenus jusque là, le renouvellement de l’inoculation doit se faire tous les deux ans (2 ans) sous couverture vive. Sur l’ensemble des différentes campagnes d’étude, les dégâts observés sur maïs étaient toujours faibles aussi bien sur les parcelles traitées par Metarhizium que sur les parcelles témoin. Pour l’ensemble des résultats, la densité de la population d’Heteronychus plebeius diminue nettement sur les parcelles ayant été traitées par Metarhizium. Pour que Metarhizium soit efficace, il faut bien respecter les conditions de stockage et de mode de traitement dudit produit.
Dans le futur, des travaux de mise au point sur l’action définitive de ce champignon est nécessaire sur riz pluvial en pur conduit en SCV auquel le problème de ver blanc est très accentué.