Le projet AMPIANA « Appui aux Marchés PIsicoles en ANAlamanga », coordonné par l’ONG APDRA Pisciculture Paysanne s’intégre dans le Programme Agro-Sylviculture autour d’Antananarivo (ASA) financé par l’Union Européenne, au sein duquel intervient le Département de Recherches Zootechniques, Vétérinaires et Piscicoles du FOFIFA, en collaboration avec le CIRAD et la Malagasy Professionnel de l’Élevage (MPE).

C’est donc un modèle de collaboration entre Chercheurs et Développeurs, mettant en œuvre ensemble de la Recherche-Action dans l’objectif d’améliorer et de développer la filière piscicole à Analamanga. Pour se faire, FOFIFA et CIRAD, les 2 institutions de Recherche Agricole en collaboration se sont assignées quatre grandes missions :

  • la conservation des ressources génétiques animales,
  • la Recherche d’avant-garde exploratrice, en milieu contrôlé et au laboratoire,
  • la Recherche-Action en milieu réel pour accompagner des projets ou programmes de développement,
  • la formation

La conservation des ressources génétiques est réalisée au sein de la station de recherche piscicole d’Andombofito à Andasibe, District de Moramanga, Région d’Alaotra Mangoro. On y conserve des espèces ou de souches de poissons d’élevage (carpes et tilapia) ainsi des espèces endémiques comme le Marakely à bosse.

Des thèmes de recherche exploratrice sont également étudiés à la station, en milieu contrôlé. Deux activités y sont donc conduites :

1. Améliorer l’accès et la gestion des intrants alimentaires pour chacune des phases de production.

Cette activité consiste à mesurer les performances de croissances du tilapia en conditions semi-intensives. Il a été ainsi procédé à la comparaison de :

  • Pré grossissement sous fertilisation minérale (eau verte) vs en alimentation extrudée,
  • 2 souches de tilapia (GIFT vs Haut-Plateau)

Les résultats ont révélé que la croissance est supérieure en eau verte c’est à dire en milieu d’élevage fertilisé avec des engrais minéraux qu’en milieu suppléé en alimentation extrudée. La comparaison des souches est encore en cours.

2. Optimiser la gestion de la température au cours des différentes phases de production de la carpe et du tilapia.

Elle consiste à comparer des performances de reproduction et de pré‑grossissement larvaire avec ou sans serre avec un accompagnement par un observatoire de température. Les résultats ont mis en évidence une augmentation de la température de +4°C sous serre et un décalage des pontes de moins de 21 jours sous serre avec un gain larvaire de +1.1 g.

En milieu réel, deux activités ont été également conduites :

1. Accompagner la production piscicole extensive et semi-intensive de carpes et de tilapia en proposant des modèles adaptés aux pisciculteurs et à leur environnement local par :

  • Caractérisation agronomique et socio-économique du système rizipiscicole

L’évaluation des rendements rizipiscicoles en rizières expérimentales a permis de mettre en évidence que l’impact du poisson contribue à augmenter jusqu’à +21 % net le rendement en paddy de la culture du riz en association avec le poisson. Toutefois, une forte disparité régionale a été constatée sur l’utilisation et/ou de impact de la fertilisation. Par ailleurs, de faibles rendements ont été enregistrés aussi bien pour le riz que pour la survie piscicole, en condition sans intrants. Les enquêtes sur les corrélations fertilisation/rendement en rizipisciculture ont révélé que les femmes représentent 15 % des bénéficiaires et que 80 % des femmes sont impliquées dans l’exploitation. De nouvelles stratégies devraient pourtant être définies pour appuyer les classes défavorisées.

2. Définir et mettre en place un référentiel de prévention des risques sanitaires et environnementaux dans le cadre du guide de bonnes pratiques et d’une réflexion plus large sur la certification des produits de pisciculture.par :

  • Caractérisation des contaminations chimiques (ETM) et organiques des poissons dans la plaine d’Antananarivo

Le niveau de contamination en ETM dans la chair des tilapias dans la plaine de Fenoarivo, du lac d’Andranotapahina et du Marais Masay a été évalué. Les sources potentielles en ETM ont été identifiées dans le but de savoir s’il s’agit de contamination anthropique organique et les ratios isotopiques en Azote dans la chair de tilapia et sédiments ont été analysés.

Les résultats ont mis en évidence la présence d’ETM toxiques (Pb, Hg, Cr) à concentrations élevées supérieures aux limites permises par les normes quel que soit le site. La présence d’une contamination anthropique d’origine organique est importante au Marais Masay et au lac d’Andranotapahina. Elle est due à une contamination urbaine et industrielle en ces 2 sites. En revanche, dans la plaine de Fenoarivo, la contamination est d’origine agricole due aux traitements aux pesticides.

  • Diagnostic de l’hygiène et de la qualité le long de la filière commercialisation de poissons d’eau douce, de la pêche à la vente en détail.

Il a été procédé à l’identification des étapes critiques à maitriser les 5M (milieu, matériel, méthode, main d’œuvre et matière). Les résultats ont révélé des lacunes importantes en termes d’hygiène et de sécurité sanitaire à toutes les étapes de distribution (transport, grossiste, vente en détail). Aucune différence n’a été détectée entre les produits de pêche et de la pisciculture car ils utilisent la même voie de distribution. Des lacunes ont été également relevées en matière de contrôle officiel et d’inspection sanitaire le long de la filière.

  • Evaluation de l’effet des kits sur l’amélioration de l’hygiène et de la qualité des poissons chez les commerçants détaillants

Des kits sur l’amélioration de l’hygiène et de la qualité des poissons ont été distribués auprès des commerçants détaillants, suivis des enquêtes au niveau de 24 commerçants, avant et après l’installation des kits. Des échantillons ont été également prélevées en vue de détecter et de dénombrer d’E. coli, bactéries indicateurs d’hygiène.

Les résultats des enquêtes et du dénombrement d’E.coli ont mis en évidence une tendance d’amélioration de l’hygiène chez les vendeurs dotés de kits. Une tendance d’augmentation de la quantité et du prix de poissons vendus a été aussi constatée après la dotation de kits. Un changement de comportement est donc nécessaire mais il relève d’un processus à long terme.

A la station de Kianjasoa, des souches de géniteurs de poissons élevées en aquaculture (carpes et tilapia) sont également maintenues et conservées. Elles ont fait l’objet d’analyse des ADN. Les résultats des échantillons analysés ont montré que ces souches sont pures et disposent d’une bonne variabilité génétique.

Sur les Hauts Plateaux, dans le cadre de la prestation de service fournie au projet GIZ/PADM/COFAD, l’essai de grossissement de tilapia et d’amélioration de la production d’alevins de carpe a été entrepris. Pour permettre un bon développement du tilapia, l’eau du milieu d’élevage, disponible toute l’année, est caractérisée par une température de 20-28°C, riche en oxygène dissous (5 mg/l), un pH autour de la neutralité (pH 6,5 à 7). A l’empoissonnement, le choix de la source d’approvisionnement et la qualité des alevins utilisés est très important pour la réussite de l’élevage (période, en septembre, en début de la saison chaude, des alevins de tilapia monosexe mâle, densité, de 100 à 200 par are). Par ailleurs, une alimentation riche en protéines (25-35%) telle que le soja, la farine de poisson et des tourteaux divers est aussi indispensable.

En respectant ces conditions, il est possible de produire des tilapias de 350 g (taille marchande recherchée sur le marché) au bout de six mois d’élevage sur les hautes terres. L’utilisation de ces intrants et la mise en œuvre de ces outils contribue à l’amélioration de la productivité du système d’élevage, de manière significative.

En élevage bovine, les ressources génétiques sont préservées à travers des collections de maintenance des races bovines créées ou introduites à la station de Kianjasoa dans la région du Bongolava et à la station de Miadana dans la région du Boeny.

A kianjasoa, la collection est constituée par la race Renitelo et des métisses issues du croisement Frisonne x Zébu. On y dénombre durant l’année 2019, 110 cheptels dont 89 femelles et 21 males. Au point de vue races, ce cheptel est constitué de 86 Renitelo, 20 Métisse (Frissonne x Zébu), et de 4 Zébus. 13 naissances/vêlages ont été enregistrées pour l’année 2019.

A la station de Miadana, le cheptel compte 209 têtes, constitué de race Manjan’i Boina et de ses métis, des métis Pie Rouge Norvégienne et des Zébus malgache. Une production laitière de 4.961 litres a été enregistrée sur ce cheptel en 2019.

Dans le but de restaurer la collection fourragère de la station de Miadana, 5 kg de graines de Centrosema pubescens ont été obtenus et 100 grammes pour chacune des autres espèces.

En élevage porcine, une activité de relance a été entreprise à la station de Kianjasoa. En fin 2019, l’effectif du troupeau porcin compte 15 animaux dont cinq truies, deux verrats et 19 huits porcelets. 40 porcelets sont nés durant cette campagne. 4 truies sont gravides et ont mis bas en Décembre 2019. 62 animaux ont été donc vendus durant cette campagne dont 1 engraissé et 61 porcelets.